Psaume 51. Miséricorde au pauvre vicieux

Après la mort d'Urie, David reconnaissant son péché demande pardon à Dieu et qu'il lui envoie son Esprit pour le garder de continuer à pécher. Il s'offre à instruire les autres, et à prier pour Jérusalem, qui est la vraie Eglise.

Clément Marot - Strasbourg, 1539 / Genève, 1551


1. Miséricorde au pauvre vicieux,
Dieu tout-puissant, dans ta grande clémence
Use en ce jour de ta douceur immense
Pour effacer mes crimes odieux.
O lave-moi, lave-moi tout entier
De mon ché qu’ici-bas rien n’efface ;
Je suis bien sale, et pour me nettoyer
Daigne verser sur moi l’eau de ta grâce.

2. Plein de remords mon coeur vit en émoi,
Je sens le poids de fautes écrasantes,
Et même, hélas, mon péché se présente
Incessamment noir et laid devant moi.
Devant Toi seul, jʼaccomplis mon forfait,
Tes yeux mʼont vu commettre cette offense ;
Ton jugement apparaîtra parfait
Et tu seras juste dans ta sentence.

3. Je le sais bien et je lʼai toujours su,
Lʼiniquité prit avec moi naissance ;
Jʼen porte en moi la cruelle évidence,
Dans le péché ma mère mʼa conçu.
Par dessus tout, tu aimes, je le sais,
La vérité de notre conscience.
Qui suis-je, hélas, moi à qui tu faisais
Voir les secrets de ta grande science ?

4. Lʼhysope en main, viens me purifier,
Et je nʼaurai plus aucune souillure ;
Lave mon âme, elle deviendra pure,
Plus blanc que neige est lʼhomme gracié.
Entoure-moi selon ton bon plaisir
De chants de joie enfin et dʼallégresse.
Les os brisés par Toi vont tressaillir
Et tout en moi vivra dans ta tendresse.

5. Tu as assez regardé mes forfaits,
tourne dʼeux la clarté de ta face ;
Dans ta pitié, non seulement efface
Ce grand péché mais tous ceux que jʼai faits.
O Créateur, en moi daigne créer
Un coeur tout pur, une vie authentique ;
Pour que je puisse encore tʼagréer,
Ranime en moi cet Esprit véridique.

6. Ne permets pas que je me trouve exclu
De ta présence et quʼen fin de martyre
Ton Saint-Esprit de mon coeur se retire,
Rends-moi la joie, la joie de ton salut,
Lʼhumble bonheur de lʼenfant pardonné.
Oui, quʼun Esprit généreux me soutienne,
Lʼhumble fierté du service ordonné,
Et quʼenfin libre, enfin je tʼappartienne.

7. Je ferai voir aux pécheurs tes sentiers,
A ceux quʼil faut avertir sans attendre ;
Les égarés à Toi voudront se rendre,
Ils reviendront convertis volontiers.
Efface ô Dieu de ma rédemption,
La trace encore sanglante de mon vice !
Et je nʼaurai plus quʼune passion,
Cʼest de clamer ta bonté, ta justice.

8. Ouvre, Seigneur, mes lèvres, sʼil te plaît ;
Jʼai trop parlé de tout ce qui me touche.
Mais je désire aujourdʼhui que ma bouche
Fasse connaître à chacun tes bienfaits.
Si tu voulais que sous nos coups mortels
Des boucs, des boeufs tombent pour ton service,
Je lʼaurais fait, mais sur tes saints autels
Tu nʼaimes guère un pareil sacrifice.

9. Le sacrifice agréable vraiment
A lʼEternel, cʼest une âme souffrante,
Un coeur soumis, une âme pénitente ;
Ceux-là, Seigneur, te plaisent en tout temps.
Traite Sion dans ta grande bonté,
O Seigneur Dieu, et partout fortifie
rusalem, ta très humble cité,
Ses murs tiendront si tu les édifies.

10. Alors les coeurs seront bien disposés,
Les dons seront comme tu le demandes;
Alors les boeufs, ainsi que tu commandes,
Sur ton autel seront mis et posés.

Psautier de Genève (1998)


Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Éditions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.