Psaume 7. Mon Dieu, mon unique espérance

Pendant la grande persécution de Saül, David prie pour sa délivrance ; il met en avant son innocence, souhaite le royaume qui lui a été promis et la confusion de ses adversaires. Finalement, il prévoit que ceux-ci périront par leur propre glaive, et il en loue Dieu.

Clément Marot (1998) - Strasbourg, Genève, 1542 / Genève, 1551


1. Mon Dieu, mon unique espérance,
J’attends de Toi la délivrance,
Sauve-moi des cruelles mains
De tant d’ennemis inhumains ;
De peur que leur chef ne m’attrape,
Qu’il ne m’arrête et qu’il ne frappe,
Comme un lion dans sa fureur,
Sans que je trouve un défenseur.

2. Mon Dieu, sur Toi je me repose ;
Si j’ai commis ce qu’on suppose,
Si dans mon cœur j’ai proje
D’agir avec duplicité,
Si j’ai rendu le mal, et même
Si (oubliant la loi suprême)
Je ne traite pas en ami
Mon plus implacable ennemi,

3. J’admets qu’il me fasse la guerre,
Qu’il m’atteigne et me jette à terre,
Que mon plus dur accusateur
duise à néant mon honneur.
ve-toi donc dans ta colère,
Seigneur, contre mes adversaires.
Entre nous et nos ennemis,
Dis le droit, car tu l’as promis.

4. Que tout peuple vienne avec crainte
Autour de ta majesté sainte;
Elève-toi au milieu d’eux,
Daigne trancher entre nous deux.
Là, des peuples Dieu sera juge ;
Alors, ô mon Dieu, mon refuge,
Juge-moi en mon équité
Et selon mon intégrité.

5. Confonds la malice et le vice,
Soutiens le droit et la justice,
Toi, juste Dieu, qui jusqu’au fond
Sondes les cœurs mauvais ou bons.
C’est Dieu qui est mon assurance,
Mon bouclier, j’ai confiance
En Lui qui garde et rend vainqueur
Tout homme qu’il voit droit de cœur.

6. Dieu est le juge véritable
De chacun, de l’homme équitable,
Et de celui, pareillement,
Qui l’irrite journellement.
Si l’homme que la haine agite
Ne veut pas changer de conduite,
Dieu prendra son glaive aiguisé,
Et son arc bandé pour viser.

7. Déjà le grand Dieu des alarmes
Prépare ses mortelles armes,
Des flèches sûres lui servant
A poursuivre mes poursuivants.
Et l’autre engendre chose vaine,
Ne travaille que pour la haine,
Pour enfanter quoiqu’il en soit
L’opposé de ce qu’il pensait.

8. Sournoisement, ces gens féroces
Sous nos sentiers creusent des fosses;
Mais dans le trou qu’il prépara,
C’est le méchant qui tombera.
Le mal qu’il me forge et m’apprête
Lui retournera sur la tête ;
Tous ses crimes retomberont
Infailliblement sur son front.

9. Il faut vraiment que je bénisse
Le Dieu Très-Haut pour sa justice;
Oui, tant qu’ici-bas je vivrai,
C’est son nom que je chanterai.

Psautier de Genève (1998)


Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Editions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.