Psaume 12. Tends-nous la main, Seigneur, le mal nous presse

Complainte de David touchant la malice de ses ennemis.


1. Tends-nous la main, Seigneur, le mal nous presse;
On ne voit plus d’homme juste en nos jours;
Plus de bonté, de foi, ni de sagesse;
Toi seul, tu peux nous donner du secours.

2. Les gens du siècle aiment la tromperie,
Le vain mensonge, et le déguisement;
Tous leurs discours sont pleins de flatterie;
La bouche parle, et le cœur la dément.

3. Retranche, ô Dieu, ces lèvres attrayantes,
Dont tous les jours nous sommes abusés:
Perce, Seigneur, ces langues arrogantes,
Dont tous les jours nous sommes méprisés.

4. Non, disent-ils, à quoi bon nous contraindre?
Par nos discours nous l’emportons sur tous:
Flattons, mentons, nous n’avons rien à craindre,
Nous le pouvons, nos langues sont à nous.

5. Mais mon Dieu dit : l’affligé me réclame,
J’entends ses cris, et je me lèverai.
Je sais qu’à tort son ennemi le blâme,
De ses filets je le délivrerai.

6. De ce grand Dieu la parole se trouve
Constamment pure, et pures sont ses lois,
Comme l’argent lorsque le feu l’éprouve,
Quand on l’affine au fourneau par sept fois.

7. Ton peuple, ô Dieu, gémit dans la souffrance,
Montre-toi donc plus facile à nos vœux;
Et réprimant une injuste licence,
Prends soin de nous dans ces temps malheureux.

8. Tu vois, Seigneur, que les méchants dominent,
Leur nombre est grand, la force est en leurs mains;
Les plus abjects contre nous se mutinent,
Et nous servons aux plus vils des humains.

Psautier de Genève (1729)


Les Psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze, revus par Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide. Version du synode wallon des Provinces-Unies. Avec Musique. ISBN 979-8417141737 (réédition).