Psaume 16. Sois-moi, Seigneur, ma garde et mon appui

David demande secours à Dieu, alléguant sa foi, et non point ses œuvres, lesquelles il confesse n’être rien quant à Dieu. Puis proteste qu’il a en horreur toute idolâtrie ; et prend Dieu pour son tout, étant si assuré de son oraison exaucée, qu’il en rend grâces à Dieu ; et s’assure non seulement de le louer ici-bas, mais aussi d’une plus grande félicité après la mort, en vertu de la résurrection du Messie, laquelle il prédit expressément, comme il est exposé aux 2 et 13 chapitre des Actes. Psaume contenant un vrai patron de prières pour les fidèles languissants en cette vie.


1. Sois-moi, Seigneur, ma garde et mon appui;
Car en toi git toute mon espérance.
Sus donc aussi, ô mon âme, dis-lui,
Seigneur, tu as sur moi toute puissance;
Et toutes fois point n’y a l’œuvre mienne
Dont jusqu’à toi quelque profit revienne.

2. Mon vouloir est d’aider aux vertueux,
Qui de bien vivre ont acquis les louanges;
Mais mal sur mal s’entassera sur ceux
Qui vont courant après ces dieux étranges;
À leurs sanglants sacrifices ne touche,
Voire leurs noms je n’ai point en la bouche.

3. Le Seigneur est le fond qui m’entretient;
Sur toi, mon Dieu, ma rente est assurée.
Certainement la part qui m’appartient
En plus beau lieu n’eut pu m’être livrée;
Bref, le plus beau qui fut en l’héritage,
Est, de bonheur, échut en mon partage.

PAUSE

4. Loué soit Dieu, par qui si sagement
Je suis instruit à prendre cette adresse;
Car (qui plus est) je n’ai nul pensement
Qui toute nuit ne m’enseigne et redresse.
Sans cesse donc à mon Dieu je regarde;
Aussi est-il à ma dextre, et me garde.

5. Voilà pourquoi mon cœur est si joyeux,
Ma langue en rit, et mon corps s’en assure;
Sachant pour vrai que dans le tombeau creux
Ne souffriras que ma vie demeure;
Et ne voudrais aucunement permettre
Que pourriture en ton Saint se vint mettre.

6. Plutôt, Seigneur, me mettras au sentier
Qui me conduise à vie plus heureuse;
Car à vrai dire on n’a plaisir entier,
Qu’en regardant ta face glorieuse;
Et dans ta main est, et sera sans cesse
Le comble vrai de joie et de liesse.

sus : interjection utilisée pour exhorter (str. 1)
pensement : pensée (str. 4)

Psautier de Genève (1562)