Dans ce psaume, les fidèles apprennent à s'adresser à Dieu dans toutes leurs angoisses. Ils doivent se souvenir des bienfaits qu'il a accordés en tout temps à son Église. Ils en tireront l'assurance que leurs prières ne sont jamais vaines.
Théodore de Bèze (1998) - 1543/Genève, 1551
1. L’âme de douleur atteinte
Je fis au Seigneur ma plainte,
Et mes cris au ciel montés
Par Lui furent écoutés.
C’est à Dieu qu’en ma détresse
Soir et matin je m’adresse ;
Vers Lui j’élève ma main,
Et ce n’est jamais en vain.
2. Mon âme dans ma souffrance
Refusait toute assistance ;
Mon Dieu même m’étonnait
Sitôt qu’il m’en souvenait.
Quand je faisais mes demandes,
Quand je vouais mes offrandes,
Mon cœur en perplexité
Était sans cesse agité.
3. Seul, sans fermer les paupières,
Je passais les nuits entières ;
Et mon esprit en langueur
Était triste et sans vigueur.
Sion, ta première gloire
Me revint à la mémoire,
Et tous les siècles passés
Furent par moi retracés.
4. De ma harpe, avec tristesse,
Il me souvenait sans cesse,
Et mon cœur rempli d’ennuis
Soupirait toutes les nuits.
Ma trop faible intelligence
Cherchait avec diligence
La cause de mon souci,
Et je me plaignais ainsi :
5. L’Éternel cache sa face,
Voudrait-il m’ôter sa grâce ?
Et croirai-je désormais
Qu’il ne m’aimera jamais ?
Cette bonté si prisée
Est-elle toute épuisée ?
La promesse de mon Dieu
N’aurait-elle plus de lieu ?
6. Peut-il oublier lui-même
Quelle est sa clémence extrême,
Et son courroux indompté.
Peut-il vaincre sa bonté ?
C’est, ai-je dit, à cette heure
Que mon Dieu veut que je meure
L’Éternel a retiré
La main qui m’a délivré.
7. Puis, je repassai ma vue
Sur sa gloire si connue,
Et sur mille et mille effets
Des grands efforts qu’il a faits.
Toutes ses œuvres sacrées,
Par moi furent admirées ;
Et dans ce ravissement
Je m’écriai hautement :
8. Grand Dieu, ce que tu sais faire
Se voit dans ton sanctuaire,
Et quelle divinité
S’égale à ta majesté ?
Seigneur, toutes tes merveilles
Sont grandes et sans pareilles,
Et devant tous tu fais voir
Ta sagesse et ton pouvoir.
9. À ton bras, à ta puissance
Jacob doit sa délivrance,
Et de Joseph les enfants
Par Toi furent triomphants.
Les eaux, les eaux avec crainte
Ont vu ta majesté sainte ;
Le gouffre le plus profond
En a tremblé jusqu’au fond.
10. On vit éclater les nues,
Comme en torrents répandues,
Et du bruit qu’on entendit
Le ciel même se fendit.
Tes traits en tous lieux volèrent,
Tes gros tonnerres roulèrent ;
Et d’un éclair enflammé
Le monde fut allumé.
11. La terre fut toute émue,
Et ta puissance absolue
Sans trace, au milieu des eaux,
Leur fit des chemins nouveaux.
Enfin, tu mis en franchise,
Par Aron et par Moïse,
Ton peuple qu'ils ont mené
Vers son séjour destiné.
Psautier de Genève (1998)
Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Éditions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.