Psaume 17. Justice, ô Dieu, pitié pour moi

David persécuté prie Dieu, comparant la cruauté de ses ennemis avec son innocence. Il reconnaît toutefois que cette épreuve est conduite par la volonté de Dieu, qui se sert de tels gens pour l'exercer. Loin de se décourager, il s'estime beaucoup plus heureux qu'eux, puisqu'il a l'assurance de jouir un jour de la présence de son Dieu. Psaume approprié à ceux qui souffrent le mal après avoir fait le bien.

Théodore de Bèze (1998) - Genève, 1551


1. Justice, ô Dieu, pitié pour moi !
Entends ma voix lorsque je crie,
Exauce-moi quand je te prie
Sans faux-fuyants et d’un cœur droit.
O Toi qui connais toute chose,
Prononce enfin ton jugement,
Et jette les yeux un moment
Sur la justice de ma cause.

2. Nʼas-tu pas éprouvé mon coeur ?
Tu lʼas sondé, mis sur la touche ;
Il est dʼaccord avec ma bouche,
Tu lʼas trouvé ainsi, Seigneur.
Quoiquʼon me fasse ou quʼon me dise,
Ta parole mʼa bien guidé ;
Aux pillards je nʼai pas cédé,
Et jʼai fui leur méchante vie.

3. Chaque jour affermis mes pas
Sur le chemin où tu mʼappelles ;
Donne-moi des forces nouvelles
Pour que mon pied ne glisse pas.
Jʼose te supplier encore
Car tu réponds à notre foi ;
O Dieu, tends lʼoreille vers moi,
Daigne écouter quand je tʼimplore.

4. Rends admirable ta bonté,
Sauveur de ceux quʼon humilie
Et qui chez Toi se réfugient
Contre ceux qui tʼont résisté.
Défends-moi comme la prunelle
De lʼoeil quʼon garde chèrement ;
Quand lʼorage fond brusquement,
Cache ton petit sous son aile.

5. Seul, comment pourrais-je échapper ?
Car sans Toi je nʼaurais personne
Face aux haineux qui mʼenvironnent
Dont la main est prête à frapper.
Leur coeur est enrobé de graisse,
Et leurs propos sont orgueilleux ;
Ils nous suivent, guettant des yeux
Le moindre signe de faiblesse.

6. Et plus fier de ces guerriers
Semble un lion partant en quête,
Un lionceau guettant la bête
Au plus couvert de son hallier.
Viens, Seigneur, et mets-le par terre !
Arrache mon âme au méchant,
Et saisis le glaive tranchant
Avec lequel tu fais la guerre.

7. Seigneur, sauve-nous par ton bras
De ces gens, esclaves du monde,
Dont le coeur ici-bas se fonde
Pour y vivre et devenir gras.
Cʼest vrai que tu remplis leurs panses
Des biens les plus délicieux,
Et que leurs enfants après eux
Lèguent aux leurs cette abondance.

8. Mais moi-même je te verrai
Dans la clarté de l'innocence.
De la gloire de ta présence
A mon réveil, je jouirai.

Psautier de Genève (1998)


Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Éditions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.