David rend grâces à Dieu pour sa protection, et fait une description grandiose de la majesté divine.
Je t’aimerai, Seigneur, d’un amour tendre,
Toi dont le bras me sut si
bien défendre.
Dieu fut toujours mon fort,
mon protecteur,
Ma tour, ma roche, et mon
libérateur.
1. Je trouve en lui tout ce que je
souhaite,
Mon bouclier, mon salut, ma
retraite:
Dès qu’au besoin je l’invoque
avec foi,
Des ennemis délivré je me
vois.
Tels qu’un torrent, ils
pensaient me surprendre;
Cent fois la mort ses filets
vint me tendre;
Et tous les jours, quelque
péril nouveau
Me conduisait sur le bord du
tombeau.
Prête l’oreille à ma voix
qui l’implore,
Et, de son trône écoutant
mes soupirs,
Se laisse vaincre à mes
justes désirs.
Soudain partout tremblèrent
les campagnes;
On vit soudain les plus
hautes montagnes
Frémir, crouler du faite au
fondement,
Tant son courroux se montra
véhément.
3. De tous côtés s’étendait la
fumée
Qui s’exhalait de sa bouche
enflammée;
Il en sortait des charbons
embrasés,
Qui consumaient tous les
lieux opposés.
Le ciel s’abaisse; il y
fait ouverture;
L’air sous ses pieds forme
une nuit obscure;
Environné de chérubins
volants,
Il est porté sur les ailes
des vents.
PAUSE 1
4. Il se couvrait des plus épaisses
nues,
Comme une tente autour de lui
tendues,
D’où s’échappait une
vive clarté,
Qui devant lui chassait
l’obscurité.
Les feux ardents, la grêle,
le tonnerre
S’entrechoquant, épouvantaient
la terre:
Sa forte voix, qui roulait
dans les airs,
Et devançait et suivaient
les éclairs.
5. Des ennemis les frayeurs furent
grandes;
Dans un instant Dieu foudroya
leurs bandes;
Par mille traits coup après
coup lancés,
Tous ces méchants se virent
renversés.
D’un souffle alors ouvrant
le sein de l’onde,
Il découvrit les fondements
du monde.
Du haut des cieux sa main il
me tendit,
Et hors des eaux sur le bord
me rendit.
6. Il a détruit mes plus fiers
adversaires,
Et dissipé tous les
partis contraires;
Ses yeux perçants ont prévu
mon danger;
Sa main puissante a su m’en
dégager.
J’étais pressé, mais le
Seigneur, qui m’aime,
M’a secouru dans mon
angoisse extrême.
Dieu, de mes mains voyant la
pureté,
Me rend aussi selon mon
équité.
7. Il se souvient que malgré mes
disgrâces
De ses sentiers je suis
toujours les traces,
Qu’avec ardeur je m’attache
à sa loi,
Que sa parole est l’objet
de ma foi.
Toujours soumis à sa volonté
sainte,
Je fuis le mal, je marche
dans sa crainte;
Et le Seigneur, qui voit ma
pureté,
Me rend enfin selon mon
équité.
PAUSE 2
8. Grand Dieu, le juste éprouve ta
justice:
À l’homme doux tu te
montres propice,
Et pur au pur; mais l’inique
obstiné
À tes rigueurs se voit
abandonné.
Les affligés jamais tu ne
délaisses,
Des orgueilleux le sourcil tu
rabaisses.
Tu m’as tiré de la nuit de
mes maux,
Et ta lumière adoucit mes
travaux.
9. Conduit par toi, je gagne les
batailles;
Par ton secours, je force les
murailles.
Ta providence est un guide
assuré;
Et ta parole est de l’or
épuré:
C’est le rempart, c’est la
forte défense
De ceux qui n’ont qu’en lui
leur espérance.
Quel Dieu semblable au nôtre se peut voir?
Et quelle force égale son
pouvoir?
10. C’est l’Éternel qui
soutient ma faiblesse
Dans les chemins où sa
clarté m’adresse;
Aux pieds des cerfs les miens
il rend égaux,
Et m’affermit sur les lieux
les plus hauts.
De lui ma main tient son
adresse exquise;
Par lui sans peine un arc
d’acier je brise:
Il me protège en mon
adversité,
Il me soulage en mon
infirmité.
11. Tant de faveurs que sa bonté
m’envoie,
Haussant mon rang, élargissent
ma voie:
Il aplanit mon chemin sous
mes pas;
Il m’affermit, je ne
chancèle pas.
J’ai poursuivi, jusques à
les atteindre,
Ces ennemis, qui se faisaient
tant craindre;
Et par mes coups ces ennemis
percés,
Malgré leur force ont été
terrassés.
PAUSE 3
12. Dieu me renforce au milieu des
alarmes,
Et fait que tout plie enfin
sous mes armes:
Il me fit voir le dos des
ennemis,
Quand sa colère en fuite les
eut mis.
Leurs cris alors jusqu’au
ciel ils poussèrent,
Le ciel fut sourd aux cris
qu’ils redoublèrent.
À grands ruisseaux partout
leur sang coulait;
Comme la boue aux pieds on
les foulait.
13. Dieu m’a sauvé des fureurs
populaires;
Il m’a rendu les princes
tributaires.
Pour m’honorer, les peuples
inconnus
Du bout du monde à mes pieds
sont venus.
Mille étrangers, dissimulant
leur crainte,
M’ont révéré, seulement
par contrainte;
Les rois voisins, redoutant
mes efforts,
Malgré leur garde ont tremblé
dans leurs forts.
14. Loué soit donc le Seigneur
plein de gloire,
Le Dieu vivant, l’Auteur de
ma victoire,
Par qui je vois mes outrages
vengés,
Par qui sous moi les peuples
sont rangés,
Quand les plus grands contre
moi se soulèvent,
Au-dessus d’eux ses fortes
mains m’élèvent:
Des orgueilleux il prévient
le dessein,
Que pour me perdre ils couvaient
dans leur sein.
15. Aussi toujours jusqu’aux
climats étranges
Ma voix, Seigneur, portera
tes louanges.
Je bénis Dieu, qui pour son
roi fait voir
Les hauts effets d’un
merveilleux pouvoir.
Il a sauvé par sa faveur
immense
David son oint, l’objet de
sa clémence;
Et pour jamais ce Dieu de
vérité
Sera le Dieu de sa postérité.
Psautier de Genève (1729)
Les Psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze, revus par Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide. Version du synode wallon des Provinces-Unies. Avec Musique. ISBN 979-8417141737 (réédition).