Psaume 35. Accuse mes accusateurs

David reconnaît que ses ennemis qui le persécutaient à grand tort et résistaient consciemment à la volonté de Dieu sont des réprouvés qu’il maudit. Il prie pour sa délivrance, afin que Dieu en soit glorifié. Psaume plein de foi et de l’amour de Dieu ; dont il faut se garder d’abuser par esprit de vengeance.

Théodore de Bèze (1998) – Genève, 1551

1. Accuse mes accusateurs,
Combats, Seigneur mes agresseurs,
Saisis le bouclier, la lance
Et lève-toi pour ma défense.
Charge-les pour les disperser
Et les empêcher d’avancer.
Dis à mon cœur : Ne tremble plus,
Je suis ta force et ton salut.

2. Honte au contraire et déshonneur
A ceux qui veulent mon malheur ;
Quʼils soient déçus dans leur envie
Tous ceux qui pourchassent ma vie.
Tels que la paille quand elle est
Jetée au vent comme il lui plaît,
Que lʼange du Dieu tout-puissant
Aille partout les pourchassant !

3. Que les chemins glissent pour eux ;
Par chemins noirs et ténébreux
Que lʼange du Seigneur les chasse,
Les poursuive de place en place.
Car sans cause ils mʼont instal
Un engin bien dissimulé,
Préparé pour me mettre à mort,
Moi qui ne leur fis aucun tort.

4. Quʼils soient donc pris au dépourvu,
Frappés dʼun désastre imprévu ;
Que le méchant vienne se prendre
Au filet quʼil voulait me tendre.
Quʼil tombe lui-même bles
Au plus profond de son fossé ;
Mon âme se réjouira
En Dieu qui la délivrera.

5. Alors tout ce qui est en moi
Dira : Qui est pareil à Toi,
Seigneur qui défends la victime
Contre lʼexploiteur qui lʼopprime,
Comme le pauvre et lʼaffli
Contre ceux qui vont lʼoutrager ?
De faux témoins viennent ici,
Leurs faux propos mʼont assailli.

6. Me rendant le mal pour le bien
Ils veulent me réduire à rien,
Moi qui pendant leur maladie
Humiliais ma propre vie.
Pour eux jʼai jeûné, jʼai prié
Vêtu dʼun sac, le front baissé.
Tel est lʼétat où je me mis
Comme pour un frère, un ami.

7. Jʼallais courbé comme un enfant
Pleurant sa mère tristement,
Mais eux connaissant mon martyre
Se sont assemblés pour en rire.
Les plus grossiers à mon insu
Ont intrigué tant quʼils ont pu ;
A pleine gorge ils mʼont blâmé,
Et comme ils ont pu diffamé.

8. Tout un tas de flatteurs mordants
Contre moi ont grincé des dents,
Avec ces plaisants vénérables
Quʼon voit courir aux bonnes tables.
Seigneur, supportes-tu cela ?
Sauve mon âme que voi
Seule au milieu de tant de maux,
livre-la des lionceaux !

9. Jʼirai te bénir au milieu
De tout ce grand peuple, ô mon Dieu,
Car dans notre sainte assemblée
Ta grandeur doit être annoncée.
Ceux qui veulent rire de moi
Nʼen auront vraiment pas de quoi ;
Tu nʼaimes pas les orgueilleux,
Tu leur feras baisser les yeux.

10. La paix nʼest pas dans leurs discours,
Car ils ne pensent chaque jour
Quʼà tromper tant quʼil est possible
Le pauvre affligé tout paisible.
Ces braves gens ont du plaisir
On dirait quʼils vont mʼengloutir !
Chacun dʼeux a crié sur moi :
« Voilà le méchant, je le vois ! ».

11. Seigneur, tu les as vus aussi,
Ne laisse point passer ceci.
Faut-il que ta main mʼabandonne
Quand tu sais que ma cause est bonne ?
Mon Dieu, mon Seigneur, lève-toi,
Seigneur, ô mon Dieu, juge-moi
Par ta bonté très juste, afin
Que leur triomphe cesse enfin.

12. Quʼils nʼaillent pas disant entre eux :
« Ah, cʼest bien fait ; soyons joyeux,
Nous lʼavons eu ! ». Mais, quʼils rougissent
Ces cruels qui se réjouissent
De mon malheur. Quʼils soient confus
Ceux qui voudraient me voir perdu ;
Quʼils soient vêtus, ces malfaiteurs,
De la honte et du déshonneur.

13. Mais quʼil sera grand le plaisir
De ceux qui veulent soutenir
Mon bon droit ; ils diront sans cesse :
Louez la grandeur, la sagesse
Du Seigneur Dieu. Cʼest Lui qui fait
Vivre son serviteur en paix.
Ma langue dira ton amour
Et te chantera chaque jour.

Psautier de Genève (1998)


Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Éditions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.