Psaume 36. Du malin le méchant vouloir

1. Du malin le méchant vouloir
Parle en mon cœur et me fait voir
Qu’il n’a de Dieu la crainte:
Car tant se plaît en son erreur,
Que l’avoir en haine et horreur
C’est bien force et contrainte.
Son parler est nuisant et fin,
Doctrine il va fuyant, afin
De jamais bien ne faire:
Songe en son lit méchanceté,
Au chemin tors est arrêté,
A nul mal n’est contraire.

2. Ô Seigneur, ta bénignité
Touche aux cieux, et ta vérité
Dresse aux nues la tête.
Tes jugements semblent hauts monts,
Un abîme tes actes bons
Tu gardes homme et bêtes.
Ô que tes grâces nobles sont
Aux hommes qui confiance ont
En l’ombre de tes ailes!
De tes biens saoules leurs désirs
Et au fleuve de tes plaisirs
Pour boire les appelles.

3. Car source de vie en toi gît,
Et ta clarté nous élargit
Ce qu’avons de lumière.
Continue, ô Dieu tout-puissant,
À tout cœur droit te connaissant
Ta bonté coutumière.
Que le pied de l’homme hautain
De moi n’approche, et que sa main
Ne m’ébranle ni grève.
C’est fait, les iniques cherront,
Et repoussez trébucheront,
Sans qu’un d’eux se relève.

Psautier de Genève (1587)