Psaume 18. Je t’aimerai en toute obéissance

Hymne très excellent. David le chanta au Seigneur Dieu, après qu'il l'eut rendu paisible et victorieux sur tous ses ennemis. La conclusion du psaume prophétise la venue de Jésus-Christ.

Clément Marot (1998) - 1543/ Genève, 1551


1. Je t’aimerai en toute obéissance
Jusqu’à la mort, ô mon Dieu, ma puissance !
Le Seigneur est mon roc, mon protecteur,
Ma forteresse et mon libérateur.
Ma confiance en Lui seul est parfaite
C’est mon salut, mes armes, ma retraite ;
Quand je l’exalte et le prie avec foi
Tout ennemi doit s’enfuir loin de moi.

2. Un jour les liens de la mort mʼentourèrent
Et les torrents des méchants se ruèrent ;
Jʼétais tout près de la tombe, éperdu
Dans les filets de la mort suspendu.
semparé, soudain jʼinvoque et prie
Le Tout-Puissant. Bien haut vers Lui je crie ;
Mon cri au ciel jusquʼà Lui pénétra,
Ma faible voix en son oreille entra.

3. On vit alors sʼébranler les campagnes,
Les fondements des plus hautes montagnes.
On vit ainsi trembler les éléments,
Car il était courroucé grandement.
De sa narine il sort une fumée
Et de son souffle une braise enflammée
Dont les charbons ardents sont projetés :
La terre alors brûla de tous côtés.

4. Il descendit sur le ciel qui sʼabaisse,
Et sous ses pieds la nuit devint épaisse.
Il chevauchait les chérubins mouvants,
Volant, porté sur les ailes des vents.
Il se cachait sous les noires nuées
Comme une tente autour de Lui dressée.
Il fit paraître une grande clarté,
Lʼamas de nue alors fut écarté.

5. LʼEternel mène au ciel son grand tonnerre,
Jetant la braise et les grêlons sur terre.
Lʼimmense Voix roule dans les hauteurs,
Et grêle et feux explosent en fureur.
La foudre tombe et disperse leurs bandes,
Lʼéclair redouble et leurs frayeurs sont grandes.
Selon ton ordre, on vit un vent souffler
Par Toi, Seigneur, à tel point courrou

6. Quʼil mit à sec le lit des eaux profondes,
A découvert les fondements du monde.
Dieu me tendit alors sa main dʼen haut
Et me tira, sain et sauf, hors des eaux.
Il me sauva de puissants adversaires
Plus forts que moi quand ils mʼétaient contraires ;
Dans le danger, il prévoit, il prévient,
Quand il est temps son bon secours nous vient.

7. Il met au large ; oui, le Seigneur qui mʼaime
Mʼa secouru dans le péril extrême.
Dieu dans mes mains a vu la pureté,
Et mʼa rendu selon mon équité.
Il se souvient que malgré mes disgrâces,
De ses sentiers je suis toujours les traces,
Quʼavec ardeur je mʼattache à sa loi,
Que sa parole est lʼobjet de ma foi.

8. Car envers Lui je suis resté sincère
En mʼappliquant au bien en toute affaire.
Dieu dans mes mains a vu la pureté,
Et mʼa rendu selon mon équité.
Certes, Seigneur, qui fais telles mes oeuvres,
Cʼest ta bonté que le juste découvre ;
Avec le pur, tu es pur, mais bientôt
Tu fais défaut quand tu prends en défaut.

9. Les humiliés, ton bras fort les redresse,
Et les sourcils des hautains, tu les baisses.
Tu me tendis un flambeau allumé,
Dieu mʼéclaira quand le soir fut tombé.
Par Toi jʼallais à travers la bataille ;
Mon Dieu devant, je sautai la muraille.
Cʼest lʼEternel, cʼest mon guide assu
Dont chaque mot par le feu peut passer,

10. Le bouclier de forte résistance
Pour ceux qui nʼont quʼen Lui leur espérance.
Qui donc est Dieu sinon celui du ciel ?
Ou qui est fort si ce nʼest lʼEternel ?
Il mʼéquipa dʼune sainte hardiesse
Sur le chemin que devant nous il dresse ;
Nous bondissions presque aux chevreuils égaux,
Grimpant aux monts escarpés les plus hauts.

11. Ma main par Lui est exercée aux armes,
Je brisai lʼarc dʼacier sans plus dʼalarmes.
Tu mʼapportas le bouclier sauveur,
Et ta main droite est mon sûr protecteur.
Ta grande grâce où mon espoir se fonde
Me fait plus grand que naguère en ce monde ;
Tu préparas le chemin sous mes pas,
Sous mes talons qui ne glissèrent pas.

12. Je pus chasser lʼadversaire et lʼatteindre,
Ce fut un feu quʼenfin je pus éteindre.
Mes agresseurs sont si bien secoués
Que je les vois abattus à mes pieds.
Tu mʼentouras dʼune force divine,
Lʼenvahisseur plia comme une épine ;
Tu me montras le dos des ennemis,
Malgré leur rage ils sont anéantis.

13. Ils ont crié : nul ne veut les défendre !
Ils ont prié : Dieu ne veut pas entendre !
Poussière au vent, les voilà devenus
Ou des déchets sur la place étendus.
Tu mʼas sauvé des troubles populaires,
Et mʼas fait chef des nations sur terre.
A mon renom, des peuples inconnus
Pour se soumettre à moi sont accourus.

14. Certains lʼont fait par calcul ou par crainte,
Me révérant seulement par contrainte ;
Des étrangers, redoutant mes efforts,
Epouvantés ont tremblé dans leurs forts.
Loué soit donc lʼEternel plein de gloire,
Le Dieu vivant, lʼauteur de ma victoire
Par qui je vois mes outrages vengés,
Par qui sous moi les peuples sont rangés.

15. Loué soit donc lʼEternel plein de gloire,
Le Dieu vivant, l'auteur de ma victoire
Par qui je vois mes outrages vengés,
Par qui sous moi les peuples sont rangés.
Quand les plus grands contre moi se soulèvent,
Au-dessus dʼeux ses fortes mains mʼélèvent.
Des orgueilleux il confond le dessein
Que pour me perdre ils couvaient dans leur sein.

16. Mon Dieu, parmi les peuples de la terre
Jʼentonnerai ta louange haute et claire.
Je dis ce Dieu qui magnifiquement
Sauva son Roi et qui traitant vraiment
David son Oint avec tant de clémence
Traite à jamais ainsi sa descendance.

Psautier de Genève (1998)


Les Psaumes de David. Clément Marot. Adaptation en français actuel par Marc-François Gonin. ISBN 2-911069-29-3. Éditions VIDA. 1998. Reproduit avec permission.