Le prophète célèbre dans ce psaume la bonté ineffable de Dieu pour son Église.
1. L’âme de douleur atteinte,
Je fis au Seigneur ma plainteMes vœux vers le ciel poussés
De lui furent exaucés.
Dans les jours de ma détresse,
C’est à Dieu que je m’adresse;
La nuit même, en mon ennui,
Je lève mes mains vers lui.
Refusait toute assistance;
Mon Dieu même m’étonnait,
Sitôt qu’il m’en souvenait.
Plus je pensais en moi-même
À sa justice suprême,
Plus mon esprit agité
Était en perplexité.
3. Seul, sans fermer les paupières,
Je passais les nuits entières;
Et j’étais comme aux abois,
Sans usage de la voix.
Sion, ta première gloire,
Me revint en la mémoire;
Et tous les siècles passés
Furent par moi retracés.
4. De mes chants, avec tristesse,
Je me souvenais sans cesse;
Et mon cœur rempli d’ennuis,
Soupirait toutes les nuits.
Ma trop faible intelligence
Cherchait avec diligence
La cause de mon souci,
Et je me plaignais ainsi:
5. L’Éternel cache sa face;
Voudrait-il m’ôter sa grâce?
Dois-je croire désormais
Qu’il ne m’aimera jamais?
Sa clémence si prisée
Est-elle toute épuisée?
La promesse de mon Dieu
N’aura-t-elle plus de lieu?
PAUSE
6. Peut-il oublier lui-même
Sa miséricorde extrême?
Faut-il que sur sa bonté
Son courroux l’ait emporté?
C’est, ai-je dit, à cette heure
Que mon Dieu veut que je meure;
Le Très-Haut a retiré
La main qui m’a délivré.
7. Sa gloire, si fort connue,
S’offrait ensuite à ma vue,
Avec tous les grands exploits
Que son bras fit autrefois.
Toutes ses œuvres sacrées
Par moi furent admirées,
Et dans mon ravissement,
Je m’écriai hautement:
8. Grand Dieu, ce que tu sais faire
Se voit dans ton sanctuaire:
Et quelle divinité
S’égale à ta majesté?
Seigneur, toutes tes merveilles
Sont grandes et sans pareilles;
Aux yeux de tous tu fais voir
Jusqu’où s’étend ton pouvoir.
9. À ta dextre, à ta puissance,
Jacob doit sa délivrance,
Et de Joseph les enfants
Par toi furent triomphants.
Les eaux, les eaux, avec crainte,
Ont vu ta majesté sainte:
Le gouffre le plus profond
En a tremblé jusqu’au fond.
10. On vit éclater les nues,
Comme en torrents répandues;
Et du bruit qu’on entendit,
Le ciel même se fendit.
Tes traits en tous lieux volèrent,
Tes gros tonnerres roulèrent;
Et l’on crut voir l’univers
Enflammé par mille éclairs.
11. La terre fut ébranlée;
Et ta force signalée,
Au travers des grandes eaux,
Ouvrit des chemins nouveaux.
Enfin, Âron et Moïse,
Jusqu’à la terre promise,
Comme un troupeau, jour et nuit,
Ton Israël ont conduit.
Psautier de Genève (1729)
Les Psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze, revus par Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide. Version du synode wallon des Provinces-Unies. Avec Musique. ISBN 979-8417141737 (réédition).