Que je sois assis, ou debout,
Tes yeux me découvrent partout;
Et tu pénètres ma pensée,
Même avant qu’elle soit tracée.
2. Soit que je marche ou sois couché,
Je ne te suis jamais
caché:
Ta vue éclaire mon
sentier,
Et tu me connais tout
entier;
Le mot à peine est sur ma
langue,
Que déjà tu sais ma
harangue.
3. Lorsque je vais,
lorsque je viens,
Je me sens pris dans tes
liens:
Seigneur, ton pouvoir
souverain
Me mit, en naissant, sous
ta main;
Et comment pourrait ma
faiblesse
Atteindre à ta haute
sagesse?
4. Si ton Esprit veut me
chercher,
Où fuirai-je pour me
cacher?
Puis-je me sauver devant
toi?
Si je monte aux cieux, je
t’y vois;
Et si je descends dans
l’abime,
Je t’y vois pour punir
mon crime.
5. Quand l’aurore
m’aurait prêté
Ses ailes, sa rapidité,
Et que j’irai, en fendant
l’air,
Aux bords opposés de la
mer;
Ta main, s’il te plait de
l’étendre
Viendra m’y poursuivre et
m’y prendre.
6. Si je dis: la nuit,
pour le moins,
Me cachant aux yeux des
témoins,
De son ombre me couvrira;
La nuit même t’éclairera:
Car l’ombre la plus
ténébreuse
Est pour toi claire et
lumineuse.
7. Tu sondes mes reins et
mon cœur;
Et c’est toi qui formas,
Seigneur,
Tout mon corps si bien
assorti,
Dans les flancs d’où je
suis sorti:
Et pour ces merveilles
étranges,
Ma bouche chante tes
louanges.
PAUSE
8. Seigneur, les biens
que tu nous fais,
Ta puissance, et ses
hauts effets,
N’ont jamais pu se
concevoir;
Mon âme cherche à les
savoir;
Mais toi, qui seul m’as
donné l’être,
Seul aussi tu peux me
connaitre.
9. Oui, c’est ta main qui
m’a tissu,
Dans le sein où je fus
conçu.
Tes yeux me virent
imparfait;
Et de mon corps rien
n’était fait,
Rien n’avait commencé de
vivre,
Que tout s’écrivait dans
ton livre.
10. Grand Dieu, tous tes
faits glorieux
Me furent toujours
précieux:
On ne les saurait supputer;
Et si je les voulais compter,
Il s’en trouverait
davantage
Que de grains de sable au
rivage.
11. J’y médite avant mon
sommeil;
J’y pense encore à mon
réveil.
Mais, Seigneur, quand
détruiras-tu
Mes ennemis, par ta
vertu?
Quand viendras-tu, par ta
puissance,
Les éloigner de ma
présence?
12. J’entends ces
orgueilleux, Seigneur,
Qui voudraient ternir ton
honneur,
Et dont la folle impiété
Ose attaquer ta Majesté.
Contre eux tous mes
esprits s’aigrissent,
Et je hais ceux qui te
haïssent.
13. Je veux les haïr
constamment,
Je les déteste
ouvertement;
Oui, Seigneur, je veux
pour toujours,
En fuir les profanes
discours.
N’est-il pas juste que
j’abhorre
Le méchant qui te
déshonore?
14. Dieu juste et bon,
éprouve-moi;
Vois si je n’aime point ta
loi,
Ou si mon pied s’est
arrêté
Au chemin de l’iniquité;
Et que ta grâce, où je me
fonde,
Soit toujours mon guide
en ce monde.
Psautier de Genève (1729)
Les Psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze, revus par Valentin Conrart et Marc-Antoine de La Bastide. Version du synode wallon des Provinces-Unies. Avec Musique. ISBN 979-8417141737 (réédition).